CRITIQUES
"À travers ses dessins à la craie, Patrick Mestelan cherche-t'il à établir un équilibre avec le monde naturel et à opérer une introspection approfondie et sensible sur la condition humaine de l'artiste et de l'architecte, comme le suggère Paul Klee? Il y a sans doute une part de vérité dans cette hypothèse. Mais j'ai l'intuition qu'on peut surtout y distinguer en filigrane, une interrogation sur l'ordre naturel et caché des choses et, en même temps, une tentative d'être au plus près du "non-mesurable".
(...) Patrick Mestelan nous invite aujourd'hui, (...), à un voyage d'un autre ordre, àun voyage vers l'imaginaire, son imaginaire, intense, coloré, lumineux et "d'une parfaite précision".
À chacun de nous de se l'approprier. "
BRUNO MARCHAND / INVITATION AU VOYAGE, in: CATHERINE PRÉLAZ, HORIZON / coll. L'ART EN QUESTION / 2016
"La matière des mots, des sons, des couleurs, de la pierre ou du bois est là, disponible et ductile, prête à s'adapter à la page écrite poétique, au motif musical, à la composition picturale, au volume sculptural ou architectural, elle est prête à devenir exemplaire. Elle est prête à devenir exemple pour nous permettre de nous reconnaître, pour savoir que non seulement nous sommes, mais en plus que "nous y sommes", que nous habitons la terre et la vie, et que nous appartenons à un monde qui est le notre.
La séquence de planches de Patrick Mestelan, que j'ai eu l'occasion d'observer récemment, m'a stimulé dans ces réflexions, dans le sens qu'elle m'a ouvert à un voyage mental, comme si je devais déchiffrer un code, écrit dans une langue inconnue, mais dont je porte le poids et l'importance.
J'imagine toutes ces planches reliées dans un volume lourd, issu de je ne sais comment ni quand d'une bibliothèque dont j'ignore l'état et le lieu. Il vient d'arriver entre mes mains, livré par un marchand étranger, que je n'ai peut-être pas rencontré tout à fait par hasard."
ARDUINO CANTAFORA / IL EST, IL ÉTAIT, IL FUT, IL SERA, in: HORIZON /
coll. L'ART EN QUESTION / 2016
ROBERT RUATA / DIALOGUE, in: CATHERINE PRÉLAZ, HORIZON /
coll. L'ART EN QUESTION / 2016
RR- Ce que tu dis propos de la comparaison, de la mise en parallèle du fait de se trouver devant un autre réel et du fait de se trouver devant un autre à travers une activité d'ordre artistique, m'amène à poser la question: est-ce que ce n'est pas cela le rôle de l'art, qui serait de dire: je vais créer quelque chose, quelqu'un, un sujet en quelque sorte, ,mais dont je sais qu'il ne va jamais me revenir, qu'il ne va jamais m'être hostile d'une certaine manière, comme cela peut-être le cas dans une relation avec quelqu'un de vrai.
RR- Et en l'occurrence, avec ce dont on vient de parler tout au long de ce dialogue, de l'art en général, il s'agit d'un paradoxe qui est de l'ordre, semble-t'il, des paradoxes pragmatiques. Tu ne peux pas le résoudre avec la logique formelle, ou avec un texte explicatif. Tu ne peux que le parcourir, avec un comportement, une action, avec la vie. C'est ce qui nous a permis effectivement de faire ce petit tour à travers ces trois manières de lire. C'est comme un mouvement qui se met en route et que tu ne peux pas arrêter. Tu es dans une situation où tu as des injonctions successives, l'une t'amène à l'autre.
ARDUINO CANTAFORA / IL EST,IL ÉTAIT, IL FUT, IL SERA, in: CATHERINE PRÉLAZ, HORIZON / coll. L'ART EN QUESTION / 2016